CÉLÉBRER GIACOMETTI
En cette fin d'après-midi d'avril 1964 le vieil aigle despote, le maréchal-ferrant agenouillé, sous le nuage de feu de ses invectives (son travail, c'est-à-dire
lui-même, il ne cessa de le fouetter d'offenses), me découvrit, à même le dallage de son atelier, la figure de
Caroline, son modèle, le visage peint sur toile de
Caroline — après combien de coups de griffes, de blessures, d'hématomes? —, fruit de passion entre tous les objets d'amour, victorieux du faux gigantisme des déchets
additionnés de la mort, et aussi des parcelles lumineuses à peine séparées, de nous autres, ses témoins temporels.
Hors de son alvéole de désir et de cruauté.
Il se réfléchissait, ce beau visage sans antan qui allait tuer le sommeil, dans le miroir de notre regard, provisoire receveur universel pour tous les yeux futurs.
lui-même, il ne cessa de le fouetter d'offenses), me découvrit, à même le dallage de son atelier, la figure de
Caroline, son modèle, le visage peint sur toile de
Caroline — après combien de coups de griffes, de blessures, d'hématomes? —, fruit de passion entre tous les objets d'amour, victorieux du faux gigantisme des déchets
additionnés de la mort, et aussi des parcelles lumineuses à peine séparées, de nous autres, ses témoins temporels.
Hors de son alvéole de désir et de cruauté.
Il se réfléchissait, ce beau visage sans antan qui allait tuer le sommeil, dans le miroir de notre regard, provisoire receveur universel pour tous les yeux futurs.
Philippe Jaccottet
CELEBRAR GIACOMETTI
En aquest final de migdia d'abril de 1964, la vella àguila dèspota, el ferrador
agenollat, sota el núvol de foc de les seves invectives (el seu treball, és a dir, ell mateix, no va deixar de fuetejar-lo amb ofenses), em va descobrir, alhora, l'enllosament del seu taller, la figura de Caroline, la seva model, el rostre pintat a la tela de Caroline -després de quantes esgarrapades, ferides, hematomes?-, fruita de passió entre tots els objectes d'amor, victoriosos del fals gegantisme de les deixes addicionades a la mort, i també parcel·les lluminoses, a penes separades de nosaltres, els seus testimonis temporers.
Fora del seu alvèol de desig i de crueldat.
S'hi reflexava, aquest bell rostre sense antany, que anava a matar el somni dins el mirall del nostre esguard, provisional receptor universal per a torts els ulls futurs.
Ph.J.
(Versió catalana: BRG)
Alberto Giacometti i Caroline Tamagno (Yvonne-Marguerite Poiraudeau) |
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