SOLEIL D'HIVER
Le bas passage du soleil aux mois d'hiver sur l'écorce des chênes à cette heure t'est découvert : le bois éclaire, non point brûle, mais révèle,
immobile, sans trop d'éclat, sans étincelles, tel peut-être un visage qui ne parle point s'il affronte le défilé du temps très loin-Mais, derrière, l'ombre
sur l'herbe est déposée, non point funèbre ni menaçante ou blessée, à peine sombre, à peine une ombre, si bas prix payé par l'arbre à
l'accroissement de son fruit, légère peine douce elle-même à la terre, âme de l'arbre due aux pas de la lumière...
immobile, sans trop d'éclat, sans étincelles, tel peut-être un visage qui ne parle point s'il affronte le défilé du temps très loin-Mais, derrière, l'ombre
sur l'herbe est déposée, non point funèbre ni menaçante ou blessée, à peine sombre, à peine une ombre, si bas prix payé par l'arbre à
l'accroissement de son fruit, légère peine douce elle-même à la terre, âme de l'arbre due aux pas de la lumière...
Une personne en patience et paix tournée
vers l'aveuglant passage d'une à l'autre année,
ayant sa peine derrière elle, son regret,
et l'herbe néanmoins s'apprête, persévère,
l'espace semble illuminer sa loi sévère,
et l'astre tourne, monte et descend les degrés...
Le flambeau passe à peine plus haut que les tables, plus fidèle que nul esclave à nos soucis, taciturne incroyablement inévitable, et nous autres avec bonheur à sa
merci.
merci.
Philippe Jaccottet
SOL D'HIVERN
El pas fluix del sol als mesos d'hivern sobre l'escorça dels roures a aquesta hora se't queda descobert: el bosc fa llum, no crema mica, però revela,
immòbil, sense gaire esclat, sense espurnes, just tal vegada una cara que no parla gens
si afronta la desfilada del temps molt lluny-Però, darrere, l'ombra
sobre l'herba s'hi ha dipositat, gens ni mica fúnebre ni amenaçant o ferida, a penes
fosca, a penes una ombra, preu tan baix pagat per l'arbre a
la creixença del seu fruit, lleu pena dolça ella mateixa a la terra, ànima de
l'arbre deguda a les passes de la llum...
Una persona pacient i pacífica girada
cap a l'eixorbat pas d'un any a l'altre
disposant de la seva pena al seu darrere, el seu penediment
i l'herba tanmateix s'apresta, persevera,
l'espai sembla il·luminar la seva llei severa,
i l'astre gira, puja i baixa els esglaons...
La torxa passa a penes més amunt que les taules, més fidel que cap esclau a les nostres cuites
taciturn increïblement inevitable, i nosaltres amb felicitat a la seva
mercè.
Ph.J.
(Versió catalana : BRG)
Joan Miró (L'esperança del condemnat a mort, 1974) |
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